Introduction : le changement climatique menace la santé planétaire. Les professionnels de santé sont doublement concernés : en tant que soignants, ils doivent faire face aux conséquences du changement climatique sur la santé, et en tant que professionnels dont l’activité a un impact environnemental et une empreinte carbone non négligeable. L’objectif de notre étude était d’analyser la perception et les pratiques des médecins généralistes face aux enjeux du changement climatique. Méthode : il s’agit d’une étude qualitative réalisée à partir de 11 entretiens semi-dirigés conduits auprès de médecins généralistes des Alpes-Maritimes. La méthode par théorisation ancrée a été utilisée pour l’analyse, avec triangulation des données. Résultats : les médecins généralistes se sentent préoccupés et concernés par le changement climatique. Des initiatives visant la réduction des émissions de CO2 ont été prises par les médecins. Elles se trouvent limitées par des exigences inhérentes au secteur de la santé, telles que des représentations liées à l’hygiène et à l’obligation de moyens. Les actions entreprises ne ciblent pas toujours les postes les plus responsables du bilan carbone. Elles sont dépréciées par les praticiens eux-mêmes, qui ont le sentiment que les actions isolées sont insuffisantes. Les médecins se montrent réticents à sensibiliser les patients sur le changement climatique : d’une part, ils évoquent la crainte que les discussions sur ce sujet soient mal perçues par les patients, et d’autre part, ils ne se sentent pas assez informés pour être légitimes sur ce thème. Discussion et conclusion : les médecins généralistes, de par leur place privilégiée auprès du patient, pourraient pourtant être des acteurs importants dans la lutte contre le changement climatique comme le proposent l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la World Organization of National Colleges, Academies and Academic Associations of General Practionners (WONCA). Améliorer leur sentiment de légitimité en proposant des formations conçues spécifiquement pour les professionnels de santé pourrait être un déterminant positif. Il existe des propositions concrètes et applicables par les patients qui pourraient être directement proposées, surtout lorsqu’elles améliorent à la fois la santé du patient et la santé environnementale. Par ailleurs, il y a une attente forte à ce que les changements nécessaires dans notre pratique afin de limiter le changement climatique soient impulsés de façon coordonnée, en particulier par les hautes institutions de santé.