Contexte :
Les symptômes digestifs sont fréquemment rapportés après une greffe du foie. Ceux-ci peuvent être directement liés aux traitements immunosuppresseurs ou à des agents infectieux. En effet, le contexte d'immunodépression favorise particulièrement la réplication virale. Ainsi, il est souvent détecté dans le suivi post-greffe une réplication des virus EBV et CMV. Ce phénomène peut être un indicateur d’un déséquilibre entre l’immunosuppression nécessaire pour prévenir le rejet du greffon et le risque d’infections opportunistes. La réplication des virus digestifs, sous forme de diarrhée chronique ou d’une excrétion asymptomatique, a davantage été étudiée dans le cadre de la greffe rénale, avec peu de données concernant la population greffée du foie.
Objectifs
Cette étude vise à déterminer la prévalence des virus (adéno-, rota-, astro-, sapoet norovirus) dans les selles des patients transplantés hépatiques, d'identifier les facteurs de risque, ainsi que de rechercher une association éventuelle avec des symptômes digestifs. Matériel et méthodes : Une étude observationnelle transversale a été menée au CHU de Rouen de novembre 2023 à juin 2024. Il a été proposé aux patients âgés de plus de 18 ans, quels que soient leurs symptômes sur le plan digestif, d’apporter un échantillon de selles et de compléter un questionnaire sur leurs symptômes digestifs au moment de leur consultation de suivi post-greffe hépatique. Les caractéristiques cliniques et biologiques des patients ont été recueillies à partir des dossiers médicaux. Les échantillons de selles ont bénéficié d’une analyse par TROD adénovirus et rotavirus ainsi que d’une (RT-)PCR adéno-, rota-, astro-, sapo- et norovirus. Résultats ti Au total,73 patients ont participé à ceOe étude, parmi lesquels 69 ont bénéficié d’un test (RT-)PCR. Deux tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) pour le rotavirus se sont révélés positifs, tandis que les (RT-)PCR ont détecté 2 patients positifs pour l’adénovirus (2,9 %), 4 pour le norovirus du génogroupe GI (5,8 %), et 2 pour le norovirus du génogroupe GII (2,9 %). La symptomatologie digestive des patients ayant une (RT-)PCR positive n’était pas significativement différente de celle des patients négatifs, tout comme le schéma d’immunosuppression. La tacrolémie résiduelle, bien que faiblement corrélée à une décroissance au cours du temps (r = -0,326 ; IC95 % [-0,563 ; -0,039]), n’était pas significativement plus élevée chez les patients avec une (RT-)PCR positive par rapport aux négatifs (p = 0,154). Par ailleurs, la répartition des traitements potentiellement inducteurs de diarrhée ne différait pas entre les patients déclarant des épisodes de diarrhée (n = 5) et les autres.
Conclusion :
La prévalence des virus digestifs détectés par (RT-)PCR dans notre échantillon de patients transplantés hépatiques est de 11,6%. CeOe excrétion virale était majoritairement asymptomatique et non corrélée au type ou à l’intensité de l’immunosuppression. Notre étude ne permet pas de conclure sur l’efficacité d’une stratégie de dépistage des virus digestifs dans les selles des patients ayant reçu une greffe hépatique afin de détecter une sur-immunosuppression.