Les violences conjugales constituent une des priorités des politiques nationale et européenne en termes de santé publique. Elles sont un enjeu prépondérant en matière de prévention et de prise en charge des victimes aussi bien sur le plan médical que judiciaire.
Cette prise de considération, nouvelle et précaire, est le fruit d'un long processus d'évolution des mentalités et d'avancées judiciaires depuis le XlXème siècle. Cette reconnaissance s'est principalement bâtie ces dernières années autour des violences faites aux femmes. Il ne faut cependant pas omettre que ces violences touchent tous les individus et par conséquent les hommes également. Ces derniers sont peu représentés dans les médias et les données concernant ces victimes restent peu documentées et marginalisées. Dans ce contexte, quelle part ces hommes victimes constituent-ils au sein des violences conjugales en France et dans le monde ? Leur prise en charge et l'évaluation de ces violences sont-elles les mêmes que pour les victimes féminines ?
En partant de ce postulat, ce travail de thèse avait pour objectif d'établir de nouvelles données épidémiologiques sur le sujet en se basant sur des éléments récoltés dans les certificats médico-légaux érigés par les médecins légistes du Centre d'Accueil Spécialisé pour les Agressions du CHU de Rouen, entre janvier 2018 et décembre 2022. Cette thèse a également analysé l'évaluation de ces violences et de leurs conséquences sur les victimes en se questionnant sur une éventuelle différence entre les hommes et les femmes. Pour se faire, elle s'est basée sur l'attribution du nombre de jours d'Incapacité Totale de Travail, au sens pénal du terme, à caractéristiques comparables entre une victime masculine et une victime féminine pour des violences similaires.
Il en est ressorti que les médecins légistes du CASA attribuaient, en moyenne, certes de manière non significative, 1.35 jours de plus aux victimes féminines. Par ailleurs, les données épidémiologiques obtenues étaient comparables à celles de la littérature.
Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles études plus larges, multicentriques afin d'obtenir des données plus précises sur le sujet. Par ailleurs, ils soulèvent l'importance de développer la prévention sur les hommes victimes de violences conjugales auprès des professionnels concernés mais également dans la population générale afin de prendre en considération toutes les victimes.