Introduction :
La bronchiolite à VRS est une pathologie prévalente entraînant un coût sanitaire et une désorganisation du système de soin importants et croissants. L’absence de traitement curatif implique donc une nécessité de prévention. Dans ce contexte, le Nirsevimab (anticorps monoclonal dirigé contre le VRS) est proposé aux parents depuis septembre 2023. Dans un climat d’hésitation vaccinale, le développement de traitements séro-préventifs peut être pourvoyeur d’inquiétude parentale. Nous avons donc exploré les freins et les leviers à l’acceptation du Nirsevimab par les parents.
Méthode :
Nous avons conduit une étude qualitative auprès de 15 parents de la région dieppoise de février à mars 2024 par entretiens semi-directifs analysés en s’inspirant de la théorisation ancrée. Une triangulation des données a été réalisée sur les 6 premiers entretiens. La saturation des données a été obtenue. L’étude se situait hors catégorie de la Loi Jardé.
Résultats :
Les parents ont décrit dans l’ensemble une bonne connaissance de la pathologie : sa prévalence et sa gravité étaient des facteurs d’inquiétude. Ils rapportaient une connaissance plus hétérogène du Nirsevimab et soulevaient un besoin d’information. Suite à la pandémie de COVID-19, l’adhésion aux thérapies préventives semblait avoir été impactée. Les parents déclaraient s’informer majoritairement sur Internet. Certains pouvaient critiquer cette source d’information. Les soignants de premier recours étaient décrits comme une source d’information fiable. La dispensation de l’information nécessitait d’être anticipée afin de permettre un délai de réflexion. La précocité de l’injection et la prise en charge de la douleur ainsi que la pénurie de Nirsevimab favorisaient l’adhésion. Le caractère obligatoire d’une thérapie préventive pouvait être un facteur d’adhésion pour les hésitants.
Discussion :
La forte adhésion (inattendue) au Nirsevimab a entraîné des tensions d’approvisionnement favorisant les maternités. Cette campagne a été marquée par une désorganisation de l’information parentale perçue comme tardive et insuffisante. Sur les prochaines saisons, les soignants de premier recours auront un rôle majeur d’information et de communication précoce avec les parents hésitants. Des modalités inédites d’information pourraient être explorées. La prise en charge de la douleur est nécessaire. L’impact économique d’une séro-prévention à grande échelle restera à étudier avant de décider de rendre de telles actions de santé obligatoires.