Introduction : la sclérose en plaques (SEP) est une pathologie inflammatoire chronique démyélinisante du système nerveux central, touchant majoritairement les femmes jeunes, en âge de procréer. La question d’un désir de grossesse est donc fréquente au cours de la maladie, avec parfois la nécessité d’un recours à l’assistance médicale à la procréation (AMP). Objectif : Le but de notre étude était de comparer le taux annualisé de poussées (TAP) au cours des 3 mois suivant une stimulation ovarienne au TAP des 3 mois précédents ; puis de rechercher une interaction entre le risque de poussées et le traitement de fond de la SEP, le type de procédure d’AMP, le protocole de stimulation et l’issue de l’AMP. Matériel et méthode : nous avons inclus l’ensemble des patientes référencées dans la base de données EDMUS (European Database for Multiple Sclerosis) présentant un diagnostic de syndrome cliniquement isolé (CIS) ou de SEP, et ayant réalisé une procédure d’AMP avec stimulation ovarienne entre le 1er janvier 2000 et le 31 mars 2023, dans l’un des centres agréés d’Alsace, de Bourgogne ou de Franche-Comté. Résultats : 65 patientes ayant réalisé 152 stimulations ovariennes ont été incluses. Le TAP moyen était significativement augmenté au cours des 3 mois suivant une stimulation, comparativement aux 3 mois précédents (p= 0.02). Il existait aussi une majoration du TAP à 3 mois post-stimulation si le protocole de stimulation comprenait l’utilisation d’agonistes de la GnRH (p= 0.020), en cas de fécondation in vitro (FIV) ou de FIV avec injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (FIV-ISCI) (p= 0.008), et en l’absence de traitement de fond de la SEP au moment de l’AMP (p= 0.0078). Conclusion : notre étude a confirmé une augmentation du risque de poussées de SEP au cours des 3 mois suivant une stimulation comparativement aux 3 mois précédant celle-ci. Les facteurs associés à un risque plus important étaient la réalisation d’une FIV ou d’une FIV-ISCI plutôt qu’une IIU, et l’utilisation d’agonistes de la GnRH plutôt que des antagonistes de la GnRH ou des gonadotrophines seules. A l’inverse, la présence d’un traitement de fond de la SEP au moment de l’AMP était associée à un plus faible risque de poussées de SEP sur notre période d’intérêt.