Introduction : l’œsophagite à éosinophiles est une pathologie chronique de l’œsophage multifactorielle dont l’incidence est en forte augmentation ces dernières années. Beaucoup de ces patients présentent des comorbidités atopiques. L'objectif de cette étude est d'analyser l’efficacité du traitement de première intention en fonction du statut atopique des patients atteints d’œsophagite à éosinophiles, dans le service de pédiatrie du CHU de Rouen.
Matériels et méthodes : cette étude est une étude ancillaire pédiatrique de Profil-Eo réalisée précédemment au sein du CHU de Rouen. Elle est observationnelle, descriptive, rétrospective, monocentrique. Un recueil de données cliniques, biologiques, endoscopiques et thérapeutiques issu des dossiers médicaux des patients a été réalisé sur une période allant de janvier 2000 à décembre 2023.
Résultats : 79 enfants ont été inclus dans cette étude, avec 30 patients (38%) atopiques et 49 patients (62%) non atopiques. Cette cohorte est à prédominance masculine (72%) avec un âge moyen au diagnostic de 6,6 ans. Il n'existait pas de différence démographique entre les patients atopiques et ceux sans comorbidité atopique. Le retard diagnostic est en moyenne de 17.9 mois. 86% des patients étaient traités par inhibiteur de la pompe à protons en première intention. Le délai moyen de première rémission est de 19 mois chez les patients atopiques, significativement plus long que pour les patients non atopiques (9.42 mois) p-value=0,002. Concernant la thérapeutique, il existe une tendance à résister au traitement de première intention, principalement les inhibiteurs de la pompe à protons, chez les patients atopiques : odds ratio à 0.35 IC95% [0.10-1.23] (p-value=0.1006) comparé aux patients exempts de pathologie atopique.
Conclusion : l’œsophagite à éosinophiles est une pathologie chronique émergente dont la prévalence est en perpétuelle augmentation. Les patients présentant des comorbidités atopiques semblent plus difficiles à traiter et résistent davantage à un traitement par inhibiteur de la pompe à protons en première intention. Ce dernier élément sous-tend l’hypothèse de phénotypes différents au sein de l’EoE. Une médecine plus personnalisée avec une considération phénotypique dès le diagnostic pourrait permettre d’optimiser la prise en charge de ces patients.