Introduction :
Les médecins généralistes semblent prédisposés à partir en mission humanitaire au vu des caractéristiques partagées par la médecine générale et la médecine humanitaire. La littérature décrit un vécu difficile au retour de mission par les travailleurs humanitaires. Le retour n’est cependant jamais abordé en tant que question principale. L’objectif de cette étude était donc d’étudier le vécu des médecins généralistes au retour d’une expérience humanitaire, sur les plans professionnel et personnel.
Matériels et méthodes :
Une étude qualitative avec une approche interprétative phénoménologique a été réalisée. Les entretiens ont été réalisés de novembre 2023 à avril 2024 auprès de médecins généralistes ayant eu une expérience d’humanitaire médical international. Le recrutement a été effectué par échantillonnage raisonné boule de neige.
Résultats :
Dix médecins ont participé à notre étude. L’idéalisme était un moteur commun à leur engagement humanitaire. En mission, un « syndrome du sauveur » se développait, déconstruit par les traumatismes et désillusions rencontrés sur le terrain. Au retour, une souffrance psychologique, une diminution de l’empathie et un sentiment d’être étranger chez soi pouvaient être ressentis. L’identification à ses pairs apportait du soutien. Le besoin de retourner en mission malgré les difficultés témoignait d’une tendance aux conduites addictives.
Conclusion :
Une mission humanitaire médicale internationale se réfléchit. Le retour est une période critique et doit faire l’objet d’autant de préparation que le départ. Une étude complémentaire avec mise en place et suivi de cohortes au retour de mission pourrait être proposée.