Ce mémoire se concentre sur la question du personnage dans le Nouveau Roman, dont la tension vers l'effacement a été largement théorisée. Souvent dépourvu de traits identitaires, il se présente comme une entité privée d'épaisseur ne servant qu'à supporter l'écriture. C'est contre l'image stéréotypée d'un personnage porté disparu que s'inscrit ce travail qui tend à penser un sujet d'un nouveau genre, qui n'existe plus d'emblée grâce à l'annonce de ses caractéristiques mais qui se distingue progressivement au sein de l'espace romanesque. J'ai tenté de démontrer la présence d'un personnage total, c'est-à-dire un être en relief, faisant l'exercice de la parole et de la pensée, un être en progression advenant à lui-même, qui ne saurait exister a priori. La situation interrogatrice, parce qu'elle révèle l'envergure du personnage, permet de penser sa dimension totalisante. L'interrogatoire apparaît comme la forme paroxystique de l'usage de la parole, de la pensée, de la mise en contact avec un alter mais aussi de la violence verbale et psychologique qui permettent de penser l'émergence et l'affirmation du personnage.