Réécriture de l'histoire australienne : affirmation d'un point de vue aborigène Benang From the Heart de Kim Scott : déconstruction de la version univoque de l'homme blanc, vers une multiplicité de récits
Abstract
This study is concerned with the history of the Australian nation and with the deconstruction of the latter in Kim Scott's Benang from the Heart. In order to understand how and why the writer undertakes this task of reassessing the white monopoly over history, the following analysis offers an insight into the foundations of colonial historiography: encounters between colonisers and colonised, the creation of otherness, the fabrication of the "savage" and the making of the notion of "race" - a concept which was legitimated in the 18th century by whites through colonial exhibitions and scientific theories. Thus positioned, the writing of history was determined by this set of ideological options which had been specific to the Western world since the late 15th century, and offered a unique and unequivocal version of the past: the white man's perspective. By making use of literary postmodern strategies, Kim Scott puts forth a postcolonial vision which gives birth to polyphony, plurality of perspectives and multiple narratives. Through his narrator, a "half-caste" boy, Scott tells on the harmful effects of colonisation on Aboriginal identity. Recounting racism, segregation and genocide, Scott offers a new interpretation of history and attests a possible subversion of the dominant systems of representation embodied by the archives. The aim of this research is to be able to grasp the contemporary situation in Australia and realise the importance of cultural revival and the necessity of finding a way towards self-representation in order to emerge from invisibility.
Cette étude s'intéresse à l'histoire de la nation australienne et à sa déconstruction dans Benang from the Heart de Kim Scott. Afin de comprendre comment et pourquoi l'auteur entreprend ce travail de remise en cause du monopole blanc, l'analyse suivante propose d'étudier les fondations de l'historiographie coloniale : les rencontres entre le colonisateur et le colonisé, la création de l'altérité, la fabrication du "sauvage" et l'invention par les blancs de la notion de "race", concept qu'ils légitimèrent au 18e siècle au moyen d'expositions coloniales et de théories scientifiques. Ainsi orientée, l'écriture de l'histoire était déterminée par cet ensemble d'options idéologiques spécifiques au monde occidental depuis la fin du 15e siècle, offrant sur le passé une perspective unique et une interprétation univoque : celle de l'homme blanc. Kim Scott, en déployant des stratégies propres à la littérature postmoderne, offre une vision post-coloniale faisant émerger polyphonie, pluralité des perspectives et multiplicité des récits. À travers le regard de son narrateur issu du métissage, Scott dénonce les méfaits de la colonisation sur l'identité aborigène. En racontant le racisme, la ségrégation et le génocide, il propose une nouvelle interprétation de l'histoire et met en évidence la possibilité d'une subversion des systèmes dominants de représentation incarnés par les archives. La visée de cette recherche est d'être capable d'appréhender la situation contemporaine en Australie et de prendre conscience de l'importance d'une régénération culturelle et de la nécessité d'un accès à l'auto-représentation pour sortir de l'invisibilité.
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