Louise Abbéma (1853-1927) est une peintre de la Belle-Époque, malheureusement pratiquement tombée dans l'oubli aujourd'hui, alors qu'elle avait joui, de son vivant, d'une très grande notoriété. Sa carrière exceptionnellement riche, parsemée de nombreux envois au Salon des Artistes Français, d'expositions personnelles chez le galeriste Georges Petit et de commandes prestigieuses, nous permet rétrospectivement de tracer le portrait d'une artiste multiforme et extrêmement prolifique ; Louise Abbéma s'est essayé avec bonheur à presque tous les genres et toutes les techniques connues : sculpture, gravure, portrait, paysage, grand décor, peinture florale, illustration pour la presse, peinture sur éventail, peinture animalière... Rien, semble-t-il, n'a su résister à son insatiable curiosité artistique. Son œuvre est généralement regardée par les spécialistes d'aujourd'hui comme étant très conventionnelle, et ne reflétant en rien les bouleversements qu'a connu l'histoire de l'art de la fin du XIXe siècle. Pourtant, sa peinture entretient à l'évidence des rapports très forts avec les grands courants picturaux qui lui ont été contemporains, et notamment avec le japonisme, l'impressionnisme et la peinture de la modernité. Il est très probable, par exemple, que la peintre ait pu, dans sa jeunesse, fréquenter Claude Monet, et le maître a eu indubitablement une influence sur son travail. Louise Abbéma s'est avant tout fait reconnaître pour son talent de portraitiste. Elle choisissait généralement ses modèles parmi les membres de la bonne société de la IIIe République, et elle s'est distinguée, comme Jean Béraud, Ernest Duez, Henri Gervex, Giuseppe de Nittis, Alfred Stevens, Jean-François Raffaelli, etc., pour avoir été la peintre par excellence de la femme parisienne. Amie des mondaines à la mode, des actrices, des aristocrates réchappés de l'effondrement de l'Ancien Régime, des hommes politiques de la République naissante, des royalistes, des journalistes, des critiques, des artistes, des industriels, des généraux, des préfets, Louise Abbéma était, outre une artiste choyée et admirée, une figure importante de la vie mondaine du Paris de la Belle-Époque.