Introduction : Le métabolisme et la toxicité des composés du chrome (Cr) dépendent de la granulométrie de l’aérosol, de la spéciation et solubilité du Cr. Une valeur limite biologique (VLB) a été proposée en France pour le chrome urinaire (CrU) dans le chromage électrolytique. Objectif : Etudier l’aérosol de Cr émis dans une aciérie inoxydable ainsi que les niveaux atmosphériques (atmo) et urinaires de Cr des opérateurs pour proposer une VLB pour le CrU pour ce secteur. Méthode : Des dosages du CrU ont été réalisées chez 141 sujets au cours d’une semaine de travail et au retour de congés. Chez 43 sujets ont été réalisés des mesures atmo de chrome total (Cr(T)), chromeVI (Cr(VI)) soluble et insoluble. Résultats : Le Cr(VI) représentait au maximum 6% du Cr(T) et se trouvait sur des particules fines, 75% étant sous forme soluble. La médiane des niveaux atmo de Cr(VI) était de 0.4 µg/m3 mais 20% des valeurs dépassaient la Valeur Limite d’Exposition Professionnelle sur 8H de 1 µg/m3. Le CrU augmentait sur la semaine pour atteindre une valeur maximale en fin de semaine-fin de poste (FSFP), très bien corrélé au Cr(VI) atmo. Après 15 jours de non exposition, 2/3 des sujets présentaient toujours des niveaux de CrU supérieurs à la population générale. Une VLB pour le CrU mesuré en FSFP de 1.14µg/g créat est proposée pour la surveillance de l’exposition au Cr dans la production d’aciers inoxydables. Du fait des niveaux élevés de CrU en FSFP et de l’élimination urinaire lente du Cr, un suivi à long terme de l’incidence de cancer dans cette population est nécessaire ainsi qu’une modification du procédé pour éviter la genèse du Cr(VI) ou sinon une amélioration des moyens de protection.