Témoignage, représentation et mémoire : la réutilisation d'un espace totalitaire en lieu de mémoire
Résumé
Dès 1946, à l’initiative du gouvernement polonais, un musée fut ouvert sur les sites d’Auschwitz et Birkenau : Auschwitz comme musée d’État installé dans le bâti non détruit, Birkenau comme image de la destruction des preuves de la Shoah. Cette réutilisation de l’espace en lieu d’exposition et de mémoire servait une volonté politique influencée par le communisme, mais mutait le lieu d’extermination en lieu témoin. Dans quelle mesure le témoignage renforce-t-il l’identité d’un lieu de mémoire ? Dans la première partie de ce mémoire, l’étude des camps de concentration essaiera de mettre en évidence leurs empreintes au travers de leurs émergences et de leurs devenirs. La seconde partie concerne la question du témoignage et de la représentation quant à la Shoah. Du fait de la volonté d’éradiquer toutes traces des preuves de l’extermination nait une interrogation. Comment penser un tel phénomène lorsque la majorité des témoins ont été exterminés et les chambres à gaz détruites ? Enfin, dans un troisième temps, la question du lieu de mémoire sera abordée. Aussi bien au travers du prisme de la mémoire partagée, sa dimension collective que par l’étude du lieu en tant que monument. La transformation d’un camp en lieu de mémoire et d’exposition réutilise son empreinte mais le remodèle par ailleurs. La mémoire comme le monument soulève des questionnements de notre regard contemporain sur des faits passés.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)