Antoine Vivenel (1799-1862) est un architecte, collectionneur, mécène et pédagogue ayant fait fortune à Paris sous la Monarchie de Juillet (1830-1848). Il fonde un Musée des Études à Compiègne, sa ville natale, où il réunit une collection encyclopédique d’œuvres et objets d’art. Au sein de la collection Renaissance, à côté des majoliques italiennes, des émaux de Limoges ou des faïences françaises dans le goût du XIXe siècle, se trouve un ensemble méconnu de cruches allemandes en grès. Parmi les productions européennes de la Renaissance, Vivenel valorise ainsi des objets peu prisés en France du fait de cet aspect rustique et populaire qu’on connaît aux grès. À l’instar d’autres collectionneurs, il acquiert pourtant des pièces de choix à l’intérêt ethnographique et social accru, à l’iconographie raffinée (scènes mythologiques, bibliques, scènes de genre issues de la gravure) et à l’aspect brillant provenant de plusieurs foyers rhénans autour de Cologne et datant des XVIe et XVIIe siècles. Ce pan de la collection, couplé à l’ensemble d’objets, de peintures et d’estampes allemandes d’Antoine Vivenel témoigne par ailleurs de la germanophilie de ce dernier comme de ses contemporains, marqués par un mouvement romantique issu d’Allemagne. C’est donc à une enquête entre Renaissance et XIXe siècle que je vous invite, pour comprendre ce qui peut relier les objets et le collectionneur, chacun dans un contexte spatio-temporel particulier.