Le présent mémoire vise à enquêter les enjeux politiques et performatifs de la corporéité dansante dans la pratique chorégraphique de la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues. Ses créations sont motivées à la fois par des questions esthétiques et politiques particulièrement irriguées par la réalité de la favela de Maré, située à Rio de Janeiro, où se trouve également le siège de la Lia Rodrigues Companhia de Danças. Dans le cadre de ce mémoire je souhaiterais approfondir la manière dont le travail de Lia Rodrigues incorpore les corporéités socioculturelles de ce lieu, de ce temps et de l’imaginaire qui est à la fois brésilien et chorégraphique. Pour cela, j'utiliserai sa création Fúria (2018) comme étude de cas. Dans cette recherche, je vais articuler les notions de performativité politique dans la danse et d'identités marginales pour élaborer un outil d'analyse chorégraphique basé sur la proposition du terme « anticorps dansant ». Finalement, ce mémoire vise à discuter du rôle fondamental de l'interprète dans la création chorégraphique contemporaine, notamment en ce qui concerne les discours implicites incarnés dans sa corporéité et le pouvoir performatif et politique apporté à la danse lorsque ces discours sont mis en valeur. Basée sur la relation de collaboration entre les danseurs et la chorégraphe, l'œuvre Fúria présente une riche étude à cet égard.