L'éducation physique des jeunes filles françaises : débats et controverses au tournant du XXe siècle
Résumé
À la croisée de l’histoire du genre et de l’histoire du corps, ce mémoire a pour objectif de
rendre intelligibles les contradictions relatives aux discours sur l’éducation physique des filles
françaises au tournant du XXe siècle (1870-1914). En effet, la gymnastique leur est jugée plus
nécessaire qu’aux garçons, notamment suite à la défaite de la guerre franco-prussienne qui
participe à renouveler les croyances en la dégénérescence physique, intellectuelle et morale de
la race. Pourtant, ce sont les garçons qui sont concernés par son obligation lorsque est votée la
loi du 27 janvier 1880, qui l’inscrit au programme de l’enseignement primaire. Comment
comprendre la coexistence de deux mouvements antagonistes, qui se résument en une
valorisation discursive de l’éducation physique féminine et une non-application effective ?
Au delà d’apparentes difficultés dans l’organisation technique de cet enseignement, c’est-à-dire un manque de ressources matérielles et humaines, cette question soulève des enjeux plus
complexes et révèle les tensions, politiques et sociales, qui traversent la société française.
L’éducation physique n’est ainsi pas exempte du conflit qui déchire autorités laïques et
ecclésiastiques et son enseignement ne peut pas laisser indifférente une société fortement
attachée aux principes du catholicisme, qui s’incarnent dans le respect d’une forme de pudeur
religieuse. Mais l’enjeu d’une activité physique féminine ne saurait être compris sans prendre
en considération le contexte plus général d’une société patriarcale, où s’exerce un pouvoir des
hommes sur les femmes, ce qui pose le problème de l’émancipation et la crainte d’un
renversement d’un ordre des sexes naturalisé.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)