Le corps paysan dans le cinéma soviétique du « Grand Tournant Stalinien » (1928-1934)
Résumé
In the USSR, two different processes are in play at the end of the 1920s: the beginning of collectivization and the cinema industry being ideologically brought to heel. Stalin’s control on the state apparatus brings us to think these two processes as being deeply linked with one another. The Stalinist regime wants a revolution in the fields – despite its militant base being weak among the peasantry class – and wants to edify the image of this revolution thanks to cinema, “the most important of all the arts”. Undoubtedly, the first filmmakers of the avant-garde feel the pressure rising, as they are compelled to quiet their creative ambitions to satisfy political demands. Despite this, each filmmaker has their own way of approaching the theme of collectivization, and each proposes their own figuration of the peasantry, a class largely ignored by the first period of Soviet cinema. Our work is a study of the peasant body through seven different films produced between 1928 and 1934, and it looks at they ways in which filmmakers tried to construct a rural “new Soviet man” through their figurative ambitions. The Old and the New, an ambivalence that constitutes the title of Eisenstein’s film, mark the fields and their filming. The new upsets the old, the machine that is the tractor profoundly modifies man’s link to the earth. However, the old seems to survive inside of the new, Soviet images of a revolutionized rurality are reminiscent of older images, inspired by Orthodox Christianity, despite the Soviet regime’s pronounced atheism. Studying films that portray the first period of collectivization makes us rethink the relation between power and images, the state and its artists.
La fin des années 1920 est marquée par deux processus différents en URSS : l’annonce de la collectivisation des campagnes et la mise au pas idéologique de l’industrie cinématographique. La mainmise de Staline sur l’appareil d’État nous amène à penser ces deux choses comme étant étroitement liées. Le régime stalinien souhaite révolutionner les campagnes, malgré une base militante insuffisante dans la paysannerie, et veut édifier l’image de cette révolution grâce au cinéma, « de tous les arts, le plus important ». Sans doute, l’étau se resserre autour des premiers cinéastes d’avant-garde, contraints de brider leurs ambitions créatives pour répondre aux exigences politiques. Néanmoins, chaque cinéaste s’empare du thème de la collectivisation à sa manière et propose des figurations différentes de la paysannerie, corps social immense en URSS, mais largement ignoré de la première époque du cinéma soviétique. Notre travail, une étude du corps paysan à travers un corpus de sept films produits entre 1928 et 1934, approche les ambitions figuratives des cinéastes qui tentent de construire un « nouvel homme soviétique » rural. L’ambivalence de l’Ancien et le Nouveau, pour reprendre le titre du film d’Eisenstein, anime les campagnes et leur mise à l’écran. Le nouveau bouleverse certainement l’ancien, la machine qu’est le tracteur modifie en profondeur le rapport de l’homme à la terre. Pourtant, l’ancien semble survivre au sein du nouveau, les images soviétiques de la ruralité révolutionnée sont marquées par des images plus anciennes, inspirées du christianisme orthodoxe, malgré l’anti-religiosité affichée du régime. Étudier les films de la première période de la collectivisation nous permet de repenser le rapport entre pouvoir et images, l’État et ses artistes.
Mots clés
Domaines
Art et histoire de l'art| Origine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
|---|---|
| Licence |
