Avec ses films des années 1980, John Carpenter construit sa renommée : entre grands succès comme Escape from New York (New York 1997, 1981) et échecs commerciaux comme The Thing (1982) à sa sortie, le cinéaste navigue entre productions de studios et tournages indépendants tout en gardant une cohérence thématique et esthétique au long de sa carrière. S’il est intéressant d’étudier la manière dont les bouleversements politiques d’une société se traduisent dans les long-métrages dit « engagés » qui lui sont contemporains, il est tout aussi riche d’étudier ces bouleversements à travers des films qui, à première vue, ne relèvent pas d’un cinéma frontalement politique. C’est la proposition de ce mémoire : il s’agit d’observer dans les films de John Carpenter les bouleversements sociaux liés à l’expansion du néolibéralisme et du capitalisme aux États-Unis dans les années 1980. Au travers de notions esthétiques comme l’enfermement et à l’aide d’outils de sciences sociales, ce travail pluridisciplinaire met au jour le sens politique de cinq films relevant des genres de l’horreur, de la science-fiction et de l’action. Pour cela, nous étudions la manière dont est représentée la société étasunienne sous la présidence de Ronald Reagan – chef de file du néolibéralisme – qui prend la forme de micro-sociétés de personnages marginaux luttant pour leur survie dans un espace fermé sans issue. Nous mettons en avant le pessimisme de cette représentation car les personnages ne trouvent pas de solution, et leur micro-société finit inévitablement par s’effondrer.