El beso de la mujer araña (Le baiser de la femme araignée) (1976) de Manuel Puig y Las malas (Les vilaines) (2019) de Camila Sosa Villada sont deux romans contemporains écrits par des auteurs argentins. Dans El beso de la mujer araña, Valentín, un prisonnier politique, se retrouve dans la même cellule que Molina, homosexuel, emprisonné pour corruption de mineur dans les années 80. Dans Las malas, Camila propose une rétrospective à la première personne du singulier de sa vie à Córdoba comme prostituée et travesti à la fin des années 90. Les deux œuvres présentent des similarités concernant l’expérience des protagonistes, leur comportement et leur façon de s’identifier en dehors des patrons diffusés par leur société. Selon la date de publication et les sujets qu’ils traitent, les romans permettent d’illustrer la continuité du processus de construction de la « représentation sociale » (A. Montandon) des genres en Argentine. Ce travail propose de démontrer de quelle manière Las malas s’inscrit dans la continuité de El beso de la mujer araña, tout en s’insérant dans le contexte politique et social de l’Argentine. De plus, cette analyse se centre sur la façon dont les œuvres offrent une perspective différente du genre par rapport à la conception traditionnelle, proposant au lecteur, à travers la fiction, d’accompagner les protagonistes dans leur expérience. Afin de mener cette recherche, les deux romans sont mis en relation avec les études de genre et le contexte de l’Argentine, qui, durant le XXème siècle, se caractérise par l’instabilité politique et les régimes autoritaires. Dans l’objectif d’approfondir la réflexion, une étude statistique a été réalisée afin de comparer la fréquence d’utilisation des mots relatifs au genre dans chaque œuvre. Des micro-analyses des extraits permettent également d’observer comment les auteurs dénoncent la violence et cherchent à faire prendre conscience au lecteur de la différence de genre à travers des symboles ou même la proposition d’un autre modèle de société.